Salut Rudiment,
merçi pour tes remarques
voilà j'ai essayé d'en tenire compte sauf là:
Rudiment a écrit :Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente.
Je croyais qu'il marchait d'un pas pressé. Pourquoi court-il tres vite, maintenant ?
s'engouffrer, verbe pronominal
Sens: Entrer en hâte. (en hâte ne signifit pas qu'il court)
Quelques gueules saoûles y étaient occupées à se disputer une amphore de mauvais vin et ne lui prêtèrent aucune attentionJe ne comprend pas ce que tu me reproche là
le fait de donner un point de vu qui n'est pas de mon personnage pose-t-il un souci? est-ce une règle d'écriture?
il me semble pour ma part avoir lu ce genre de truc chez pas mal d'auteur, moi je trouve que ça fonctionne, ça étoffe un peu l'écrit. Mais je veux bien que tu précise le truc, c'est pas un reproche du tout
Pour le reste, pas de problème c'est cool ta façon de triturer un peu le sens, de chercher la petite bête, ça me fait voir les choses d'un point de vu que je n'aurais pas explorer.
voilà donc si y a encore des horreurs balance moi ça à la tête
IV
Rencontre sur les quais
L’hiver était venu, le souvenir des moissons n’était plus à présent qu’une lointaine rumeur. Dans une rue d’Arthamun, une silhouette élancée se mouvait d’une manière féline, passant de l’ombre à la lumière blafarde de la lune d’un pas léger, presque bondissant. Un nuage s’échappait de sa bouche. Bien qu’emmailloté sous une cape épaisse, un présent de son ami Massid jadis rapporté d’une de ses campagnes du Nord, il avait froid. Sentant ses os se glacer, il pressa le pas. Il serait peut-être en avance mais tant pis, une fois sur le lieu de son rendez-vous, il trouverait bien un endroit où s’abriter un peu. Le quai des embarcadères regorgeant de caisses pleines de marchandise, il ne doutait pas de pouvoir se tapir entre deux cargaisons en attente. L’idée de retrouver en un lieu pareil et par un tel froid ne l’enchantait pas spécialement mais se justifiait par la discrétion nécéssaire à son entrevue avec son seigneur et ami. Il aurait de loin préféré un endroit plus convivial, comme une des nombreuses auberges situées à proximité. Ils auraient pu y partager une bonne chope tout en se remémorant l’époque où il était encore à son service et à celui de son épouse. Ce temps lui semblait bien loin à présent.
L'homme arriva à un embranchement et bifurqua sur la droite. A cet endroit, la rue se faisait plus étroite et plus sombre, devenant une ruelle, puis un véritable boyau. Bien que le quartier fût mal famé, il le connaissait comme sa poche. D’ailleurs, il n’y courait aucun risque. La plupart des brigands et des égorgeurs du quartier le redoutait, pas pour sa force ni pour son habileté à manier les armes- il était un bien piètre bretteur- mais plutôt pour l’étendue de ses fréquentations. Si peu d’entre eux connaissait ses véritables attributions, tous savait qu’il était suicidaire de le taquiner.
Une fois au terme de l’étroit passage, il déboucha sur une petite place. Quelques gueules saoûles y étaient occupées à se disputer une amphore de mauvais vin et ne lui prêtèrent aucune attention. Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente. Après une centaine de pas, il arriva enfin sur les quais et observa les alentours, recherchant un signe de son maître. Il ne vit personne, pas même la trace d’un garde en faction. Son ami avait du prendre des mesure pour s’assurer que l’endroit serait désert.
L’homme marcha le long des entrepôts, tous étaient cadenacés et pas la moindre caisse n’avait été laissée sur le quai. Alors qu’il venait de repérer un contrefort dérrière lequel s’abriter, il sentit une poigne ferme se refermer sur son épaule et l’attirer entre deux bâtiments.
- Et bien Epolis, on se promène ?
Epolis souffla, il avait reconnu la voix de son seigneur.
- Voulez-vous ma mort !
- Je serais bien embêté de devoir me passer de tes services répondit l’homme d’une voie enjouée.
- Mon maître est trop bon.
L’homme se rembruni, Epolis lu dans son regard la contrariété.
- Je croyais t’avoir demandé mille fois de ne plus m’appeler ainsi.
- Excusez-moi, la force de l’habitude se défendit Epolis, mais ce n’est pas cela qui vous contrarie, n’est ce pas ?
- Tu lis en moi comme dans un livre répondit l’homme, irrité.
- Cela fait si longtemps que nous nous connaissons. Est-ce à cause des garçons ?
L’homme ne répondit pas. Il préféra se perdre dans la contemplation des remous qui agitaient les eaux sales du bassin. En le longeant vers l’ouest, on passait sous les murailles qui cernaient Arthamun puis après être passé sous le pont et franchi l’énorme herse qui protégeait l’entrée du canal on débouchait dans les eaux du fleuve Irsan, la limite ouest de l’empire déllaens. Sur l’autre rive commençait les territoires immoriens, ennemis juré de l’empire. L’homme connaissait ces terres pour être un des rares déllaens à en être jamais revenu. Il huma la froidure de l’air pour se redonner un peu de courage puis revint à la conversation.
- Comment vont-ils ?
- Tout se passe pour le mieux, répondit Epolis. Massid veille sur eux.
- Personne ne s’est penché sur la raison de leur arrivée à l’académie?
- Il y a eut des questions mais rien qui ne vaille la peine de se ronger les sangs.
- Et au temple ?
- Comme prévu, le secret a été plus difficile à maintenir en place mais Scentua a su gérer ce problème, seul Tauris et lui semble être au courant. Cependant, son autorité en a pris un coup. Il est à craindre que les autres prêtres n’aient pris son silence pour un manque de confiance envers eux et surtout pour une provocation. Depuis, les rapports au sein de l’assemblée se sont dégradés.
Epolis sentit le regard de son interlocuteur s’assombrir.
- Tous ces risques pour si peu, cracha-il en serrant les poings. Je savais qu’ils la réussiraient cette maudite épreuve. Nous voilà bien avancés maintenant. Que m’a-t-il pris de les écouter tous.
- Ils ne vont ont guère laissé le choix, dit Epolis pour rassurer son ami. Tôt où tard cela finira par se savoir, autant qu’ils soient préparés.
- Peut-être as tu raison, mais il m’est difficile d’accepter d’avoir du mettre leurs vies en péril. Ils sont si important.
- Elles ne l’étaient pas. Comme vous l’avez dit, vous saviez qu’ils réussiraient.
- Ce n’est pas pour autant qu’ils sont tirés d’affaires. Cette épreuve n’est pas la plus difficile qu’ils seront amenés à endurer, tu le sais très bien.
Son maître avait raison, Epolis ne pouvait le nier. L’avenir apporterait à Rhul et Khérus leurs lots de danger de toutes sortes. Leurs enseignements à l’académie n’en serait qu’un parmi d’autre et, finalement, l’épreuve qu’ils avaient passés à la fin de l’été n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de risque qu’ils seraient amené à traverser.
- N’ayez crainte nous veillerons sur eux assura Epolis.
- Je sais, cependant il me tarde de pouvoir les voir par moi-même. J’envisage de rendre une petite visite de courtoisie à mon vieil ami Massid.
- Il en serait ravi, mais la prudence est de rigueur.
- Me prendrais-tu pour un enfant? demanda l’homme en plaisantant, visiblement ragaillardi par la perspective de cette visite.
- Je ne me le permettrais pas, répondit Epolis d’un ton narquois.
Sous certains aspects son maître n’avait pas changé depuis toutes ces années. Il était toujours aussi lunatique, passant de l’ombre à la lumière en un éclair. Cependant ce trait de caractère s’était accru depuis la mort de son épouse, Erilia. Ses phases de pénombres avaient prit le pas sur ses moments de clarté de façon alarmante.
Epolis remarqua de nouveau un changement d’humeur sur le visage de son maître.Il y vit de l’inquiétude aussi nettement que si un sculpteur en avait travaillé les traits, ciselant le relief de chaque petite rides, creusant les joues à la gouje ou aiguisant les pommettes pour transmettre l’émotion recherchée.
- Y a-t-il autre chose ? demanda-il.
- Tu as éveillé mon inquiétude, cette situation à la Ghyria ne me plait guère.
- Avez-vous une idée pour y remédier ?
- Je ne sais pas, dit l’homme, pensif. Il me faut y réfléchir, je t’informerai de ma décision.
- Très bien. Quand repartez-vous?
- Nous levons le camp dans trois jours, cela me laisse un peu de temps pour me rendre à l’académie.
- Comme vous voudrez, mais au risque de paraître ennuyeux je réitère mes appels à la prudence.
- Tu as raison Epolis… tu m’ennuies !
Sur ces derniers mots l’homme s’éloigna d’une démarche assurée en longeant les quais puis disparu entre deux entrepôts.
Epolis soupira, il ne trouvait pas prudent que son maître se rende à l’académie. Il lui suffirait d’y être reconnu pour envenimer la situation. Epolis avait un peu atténué la réalité afin de ne pas inquiéter son maître, craignant, comme il en était parfois capable, une intervention démesurée de sa part.
Epolis décida de rentrer par un chemin détourné afin de réfléchir à la manière dont il allait pouvoir gérer cette crise. Toutes ces réflexions lui donnèrent grand soif et comme par magie, cela ne pouvait être un hasard, ses pas le menèrent jusqu’à une taverne qu’il connaissait bien.
Au dessus de la porte une enseigne en fer forgé se balançait langoureusement. Elle représentait les formes gracieuses d’une femme mêlées à celle, non moins harmonieuse, d’une chope,. Lorsqu’Epolis poussa la porte du pot de chair, la douce musique des chants d’ivrognes et des rires des catins résonna à ses oreilles et l’odeur âcre du tabac lui chatouilla les narines. Il salua la patronne qu’il connaissait bien, au grand damne de son cocu de mari, et commanda une cervoise avant de s’installer dans un coin sombre où il se délecta de la comédie humaine. Ce soir, il n’avait pas envie de se mêler de trop prés aux ivrognes. Ceux-ci ne lui en tinrent pas rigueur, trop occupés qu’ils étaient à s’enivrer tout en caressant de leur mains calleuses les poitrines des filles de joie.
Peu après avoir commandé sa troisième pinte, Epolis vît un homme ventripotent pousser la porte de la taverne et faire un tour de vue de la salle. Lorsqu’il le remarqua, l’homme commanda deux pintes en grognant puis se dirigea vers sa table.
- Cela faisait longtemps que je ne t’avais vu traîner par ici, dit-il à Epolis.
Il tira un tabouret de dessous la table puis sans même demander s’il pouvait s’asseoir et fit subir au pied du pauvre meuble le poids de son énorme postérieur.
- C’est que je suis très occupé en ce moment dit Epolis.
- Ouais, tes nouveaux protégés, dit l’homme en passant entre ses doigts une barbe mal entretenue dans laquelle une faune peu ragoûtante se baladait en toute liberté.
- Pas si fort, dit Epolis.
L’homme tourna la tête et beugla des insanités à l’attention de la salle sans que personne ne lui porte la moindre attention.
- Pas si fort ! dit-il en se gaussant, tout le monde s’en contrefout de se qu’on raconte. Regarde-les, les trois quart sont complétement pleins et le quart qui reste s’évertue à le devenir.
- Peut-être bien, dit Epolis, mais baisse qu’en même d’un ton.
- D’accord, comme tu voudras, mais c’est qui ces gosses pour que tu fasses tant d’histoire?
- Ça je le garde pour moi répondit Epolis. C’est pour moi cette pinte demanda-il en remarquant la deuxième chope ?
- Ça, je le garde pour moi ! Répondit l’homme en imitant la voix d’Epolis.
- Allez Vlad, soit pas chien.
Vlad avala une lampée de bière puis claqua sa chope sur la table avant d’éructer lamentablement.
- Très bien, dit-il en tendant la deuxième chope à Epolis. Mon bon cœur me perdra!
- Merci, dit Epolis un brin dégoutté par les manières de son compagnon de beuverie. Au fait, pendant que j’y pense, t’es tu renseigné à propos de la discussion que nous avons eue l’autre jour.
- Ouais mais ce n’était pas facile, lâcha Vlad la bouche encore pleine de bière. Ton patron va falloir qui pense à me dédommager, à faire un petit geste, si tu vois ce que veux dire, histoire de faire marcher le commerce quoi.
- Raconte et on verra. Si c’est intéressant je verrais ce que peux faire.
Vlad regarda Epolis dans les yeux, il hésitait à lui révéler ce qu’il savait avant d’avoir vu la couleur de l’argent, mais même si les apparences pouvaient laisser croire le contraire, avec Epolis il savait qu’il n’était pas en position de force.
- Et bien, commença-t-il, j’ai eu le renseignement d’un de mes cousins qui fait souvent des petites affaires du côté d’Essaphèse et qui connaît bien la faune locale, si tu vois ce que veux dire, ajouta-il en faisant un clin d’œil. Lui-même l’a apprit du maître coq du palais des Essaps avec qui il était en cheville pour un trafic de gnole.
- D’accord, le pressa Epolis, des informations dignes de foi, et alors ?
- Ben, il semblerait que ce que ce tu croyais soit vraie.
Epolis fronça les sourcils.
- A quel point ? demanda-il inquiet.
- Ces derniers temps le cuisto se plaignait, cause qu’il devait se décarcasser et mettre les petits plats dans les grands, rapport au beau monde qui se presse à la cour.
- Du beau monde ?
- Du très beau monde insista Vlad, et en masse. Ca va, ça vient, qui se plaignait le cuisto et avec ça, parait que les Essaps étaient jamais content. Des nobles des quatre coins de l’empire et aussi des gros bourgeois qui repartaient par la petite porte et bien plus léger qu’en arrivant. Enfin, de la bourse parce qu’en ce qui concernait la boustifaille c’étaient pas les derniers, à en croire l’animal. Mais ça c’est arrêté net quand les Essaps ont pris le chemin de la cité impériale. Enfin bref, il se trame là bas des choses pas très orthodoxes si…
- Si je vois ce que tu veux dire! ponctua Epolis. Oui je vois, enfin j’imagine. Tu as des noms ? demanda-il.
- Des noms ! répéta Vlad en se gaussant. Tu ne veux pas une liste pendant qu’on y est? Non j’ai pas de nom et c’est pas avec ce que paie ton patron que t’es prêt d’en avoir. Moi c’est des renseignements de bas étages pas du gratin, si tu vois ce que je veux dire.
Epolis afficha un air contrarié et se rinça le gosier comme pour aider à passer ce qu’il venait d’entendre.
- Ce que je vois, c’est que la prochaine fois, il faudrait que j’en sache un peu plus, ton loustic là…
- Mon cousin.
- Oui, ton cousin où qui tu voudras, fait en sorte qu’il s’intéresse d’un peu plus prés à ce cuisinier. Il me faut des noms ou au moins des dates. Qui est venu, quand ont eut lieu les banquets ou les repas en privée des Essaps.
- Ça, ça va être dur, dit Vlad en grimaçant.
- Si c’est de l’argent que tu veux tu l’auras. Mais je te l’ai dit, il me faut des renseignements précis.
- Non, ça va être dur parce que le cuisto c’est fait attraper par l’intendant, rapport au trafic de gnole. Ce crétin en a tellement sorti que ça a finit par se remarquer et l’intendant des Essaps c’est pas un tendre. Il a fait battre le cuisto jusqu’à ce que celui-ci se rappelle même plus de son propre nom et il l’a jeté au cachot. Le bougre y est certainement encore, s’il est toujours vivant. Dommage, sa goutte était vraiment bonne.
- Et bien, trouve un autre informateur, dit Epolis, fatigué.
- Tu me fait marrer, rétorqua Vlad entre deux rots, c’est pas si simple. Les Essaps sont pas du genre à laisser leurs affaires tomber dans l’oreille du premier grouillot venu. Ils sont prudent ces gens là, tu peux me croire. Tu ferais mieux de t’adresser à tes autres filières moi. J’fais pas dans la dentelle, tu devrais le savoir depuis le temps.
Epolis n’était pas de l’avis de Vlad, il avait souvent tiré ses renseignements de source populaire, des brigands et autre prostitués. Il jugeait leurs fiabilités d’expérience plus élevée et moins risquée à récolter que les informations venant d’espions infiltrés, même s’il ne fallait pas toujours être trop pressé pour parvenir à ses fins. Dans le cas présent, la situation n’était pas trés urgente. Il s’agissait, à coup sûr, de quelque magouille destinée à frauder les taxes ou autres impôts impériaux. Vlad finirait bien par trouver de nouveaux informateurs.
En rentrant au temple ce soir là, après avoir vidé quelques pintes et passer un peu de temps avec une des filles de joie exerçant ses talents au premier étage du pot de chair, Epolis fut d’avantage tracassé, par la discussion partagée avec son maître que celle ayant attrait aux activités des Essaps. L’avenir dirait s’il avait eu raison ou bien tort.