Forum Mille Saisons

Bonjour à tous,

Je suis absolument nouveau ici , c’est mon premier post.
Voilà, mais j’écris de la fantasy moi aussi (eh oui), et je me pose une question toute brûlante : que pensez-vous de l’emploi du présent de l’indicatif dans un récit de fantasy ?
Non, je ne pose pas la question tout à fait au hasard, j’ai bien lu que la nouvelle de Nathalie Dau ( ) dans le dernier Solstice était en partie écrite au présent.
Mais quand j’ai fait lire mes propres textes à un lecteur acharné de fantasy, un de mes « bêta lecteurs », il m’a déclaré tout net que le présent, pour lui, ce n’était tout simplement pas permis, et que sa lecture en était toute chamboulée .

Je lance donc haut et fort les termes du débat : mettons que vous mettiez les pieds dans une librairie, vous vous dirigez spontanément vers le rayon « fantasy », vous prenez en main le premier roman venu, celui qui a la plus jolie couverture, et vous commencez à flâner de page en page. Et là, stupeur , vous tombez sur un « elle s’envole » en place d’un honnête « elle s’envola » ! Vous continuez, saisi d’une saine horreur, et vous constatez que du début à la fin, l’auteur s’est permis de substituer à vos petits chéris, passé simple et imparfait, un ignoble présent de l’indicatif ! Sans parler de l’imparfait du subjonctif (votre préféré) et du conditionnel, changés en subjonctif présent et futur simple !

Franchement, quelle serait votre réaction immédiate ?
1) Je rassemble tous les exemplaires de l’ouvrage en petit tas au milieu du présentoir et j’y boute le feu, puisse le Dieu Arda purifier ce commerce souillé par le démon
2) Je jette le livre au loin et fais aussitôt le signe de la croix sur mon front (je me laverai les mains à l’eau bénite en rentrant)
3) Je retiens le nom de l’auteur et trace mentalement une épaisse croix noire sur son nom
4) Je soupire longuement, rentre à la maison et noie mon chagrin dans l’hydromel
4) Franchement ? Franchement ? Je m’en tape complètement, messire
5) J’alerte le modérateur de ce forum, eh, oh, c’est quoi ces questions débiles ?
6) C’est au présent ? Ah tiens peut-être, oui, maintenant qu’vous l’dites, ’n’avais pas remarqué
7) Superbe trouvaille ! Bon sang, mais c'est prodigieux, et quelle originalité ! Le présent fluidifie l’action, rapproche les personnages, il rend palpable les créatures et merveilles d’un monde inventé de toute pièce, il abat toutes les barrières entre l’imaginaire de l’auteur et celui du lecteur !
(A tous ceux qui auront choisi cette dernière réponse : je tiens à vous dire que je vous aime et couvre toute la surface de votre joue de baisers affectueux)

Je sais. Le coup de la librairie, du présentoir et surtout du bouquin sur le présentoir, c’est un pur fantasme, je n’ai jamais publié aucun roman, juste quelques petites nouvelles par-ci par-là. Mais enfin, même non publié, on peut bien poser une question, non ?

PS : il paraît qu’un administrateur dénommé Oliv hante ce forum et attrape les petits nouveaux pour les manger à la croque au sel, hem, soyez chic, ne lui dites rien, hein ? Je ne fais que passer, je suis tout petit, je n’existe pas …

Personnellement, j'ai déjà lu un très bon roman de fantasy écrit au présent (enfin faut aimer, et de toute façon vous connaissez pas vu qu'il est pas publié ), ça ne m'avait pas choqué outre mesure, ou disons, comme tout le truc était assez zarb', on s'attarde pas là-dessus. Je ne dirais pas qu'il s'agit d'une "prodigieuse" invention, puisque ça n'a rien de révolutionnaire à mon goût, mais pourquoi pas. Tiens, faudrait j'écrive de la fantasy au futur un jour si j'ai rien à faire. :clown:


Enfin voilà quoi, si t'as envie d'écrire au présent et si c'est pas uniquement dans une volonté de te démarquer et de "provoquer" (notez les guillemets, hein ), j'y vois aucun problème moi.

Ben, disons qu'écrire au présent n'est pas gratuit. Tu n'écris pas au présent pour écrire au présent. Comme tu n'écris pas à la première personne pour écrire à la première personne.


Faut qu'il y ai un but. Comme tu dis, si c'est pour coller à l'action comme une peau à son serpent, alors oui ça peut le faire. Si c'est pour suivre pas un pas un personnage, oui ça peut le faire. Encore faut-il que ce soit traité différemment, et pas seulement comme si on avait seulement changé les temps avec juste assez de concordance.

Ce que tu peux faire aussi c'est des passagesau présent dans un textes au passé (y a un nom pour ça, qui n'est pas sur mon bout de la langue). Pour un combat, une course poursuite, un truc qui justement doit prendre aux tripes. Le plus dur alors c'est la transition, faut justement pas que le lecteur le voit passer genre "tient la bonne idée, il est passé au présent de l'indicatif je vais mieux être impliqué dans l'action". Faut pas qu'on puisse le voir passer et ça n'est pas forcément évident.
Enfin, ça c'est mon avis...

merci pour vos réponses, Wendek et Pépère, ça me rassure de voir que vous n'êtes pas déjà complètement rétifs à l'idée même du présent.

Ce que tu peux faire aussi c'est des passagesau présent dans un textes au passé (y a un nom pour ça, qui n'est pas sur mon bout de la langue). Pour un combat, une course poursuite, un truc qui justement doit prendre aux tripes. Le plus dur alors c'est la transition, faut justement pas que le lecteur le voit passer genre "tient la bonne idée, il est passé au présent de l'indicatif je vais mieux être impliqué dans l'action". Faut pas qu'on puisse le voir passer et ça n'est pas forcément évident.

Ah oui, ce serait l'idéal évidemment, mais comme tu dis, ça me parait un peu casse-gueule à moins d'être un génie (et ça, hélas...)

Enfin voilà quoi, si t'as envie d'écrire au présent et si c'est pas uniquement dans une volonté de te démarquer et de "provoquer" (notez les guillemets, hein ),

Non, en fait, c'est juste que ça me vient plus naturellement.

Comme pour tout le reste, en matière d'écriture... on peut tout faire si ça a une raison d'être

Evidemment, l'emploi le plus fréquent du présent est, comme ça a été dit plus haut, pour insérer une scène forte (action, tension...) dans un récit au passé mais, bon, tout est possible

Je connais de magnifiques exemples de passages au présent dans un texte au passé : le Hannibal de Thomas Harris. Plusieurs passages sont au présent, et ça n'a effectivement rien de gratuit : ce sont des passages qui ont besoin de gagner en tension et en rythme, et le présent les rend plus proches du lecteur. Le passé est pour les faits "généraux", puis le présent plonge le nez du lecteur dans les scènes les plus fortes.
Plus facile à décrire qu'à réussir...

Tu peux aussi t'appeler Jérôme Noirez et écrire la trilogie la plus déjantée de l'histoire de la fantasy.
Evidemment, si tu vises le gros classique, la quête de l'apprenti forgeron qui combat le mal en 7 volumes, vaut mieux éviter les excentricités.
Mais à part ça, c'est très beau le présent.

Je pense aussi qu'écrire au "présent", en "je", en "tu"... sont des exercices moins courrants et doivent donc se justifier. Si ce n'est pas le cas, le lecteur s'en appercevra et ça ne passera pas...
Et puis, lorsqu'on emploie des ficelles moins habituelles, il faut redoubler de qualité au niveau de la plume, sinon... c'est la cata.

Perso j'ai tendance à pas trop faire gaffe et à pas trop remarquer ce genre de choses, enfin, surtout à pas trop m'en souvenir (genre j'étais persuadée qu'un texte que j'avais lu était écrit au passé à la 1ere personne, alors que c'était au présent et à la troisième).

Après je pense que ça dépend aussi du style, y'a des styles qui "le font" peut-être plus que d'autres au présent.

Enfin en tout cas sur le principe ça me choque pas.

En tant qu'auteur, j'ai toujours trouvé qu'écrire au présent était plus dur qu'au passé, certainement parce que le passé est le temps du récit par excellence. Rien ne nous empêche d'écrire au présent, néanmoins, hein.

En tant que lectrice, j'ai toujours repéré plus facilement des bourdes au présent qu'au passé, probablement parce que l'auteur maîtrise moins.

Ceci explique cela. L'avis du lecteur ira de paire avec la facilité de l'auteur ou pas à manier le présent et le style qui va avec. ^^

Franchement, du moment que c'est bien écrit, où est le problème ?

Mais c'est vrai que c'est pas évident pour tout le monde.


Si c'est ton "temps naturel", continue. :)

J'écris depuis un an un récit au présent. Ce n'est pas simple, pas vraiment naturel, mais ça a ses avantages propres. Les lecteurs qui suivent sur mon blog n'ont pas l'air de s'en plaindre.
Le petit plus du présent ? On est DANS l'action.
Mais ce n'est pas toujours facile à gérer.

Pour ma part, je me fiche du temps dans lequel un livre est écrit, en tant que lectrice, du moment qu'il est prenant.

Original et ma foi pas gênant.

KB Jardin a écrit :Tu peux aussi t'appeler Jérôme Noirez et écrire la trilogie la plus déjantée de l'histoire de la fantasy.
Evidemment, si tu vises le gros classique, la quête de l'apprenti forgeron qui combat le mal en 7 volumes, vaut mieux éviter les excentricités.

t'en as beaucoup des idées préconcues dans ce genre?

Sinon j ai deja lu de l'Héroïc Fantasy au présent et d'apres moi le passé n'est absolument pas une condition sine qua non pour réussir un bon roman bien classique
enfin ce n est que mon avis hein

Je suis d'accord avec la chèvre (Syven) ! Du moment que c'est bien écrit...

Mon prof de scénario nous a dit l'autre jour que le présent était plus en vogue de nos jours et que le passé simple pouvait faire désuet. Dans le cas de la narration d'un souvenir, par exemple, j'admets qu'il n'a pas tort.

En fait, le présent se marie mieux avec le "je", je crois. Disons que ça fait plus naturel un "Je mange une pomme." plutôt que "Je mangeai une pomme" de nos jours. Ca évite aussi les "Nous allâmes chasser dans la gaste forêt" ce qui, aussi, dans le genre, fait désuet. Alors oui bon on peut inclure ce charme là dans des textes fantasy mais franchement, je trouve que ça fait un peu artificiel et cliché, à vue de nez, comme ça, à froid. Mais si le style est extraordinaire après, je ne contesterai pas non plus outre mesure.

Non moi j'aime bien le présent ; il apporte une certaine fraîcheur. Personnellement je ne m'y risque pas trop parce que je n'arrive pas à familiariser mon oreille avec certaines tournures, qui ne se marient pas avec mes objectifs.

C’est au présent ? Ah tiens peut-être, oui, maintenant qu’vous l’dites, ’n’avais pas remarqué



J'ai récemment découvert que j'écrivais au passé simple

En fait, le présent se marie mieux avec le "je", je crois.

Ben, c'est pas que dans la tonalité, c'est dans l'effet aussi je pense : on colle plus à l'action, c'est plus subjectif, pas à pas, etc... peut-être plus "livre dont vous êtes le héros" (m'enfin là ça dépend du style, il y a sans doute mille façons d'écrire au présent...)

J'veux pas dire mais perso j'ai écrit quelques nouvelles au présent, mais aussi bien à la première qu'à la troisième personne. :clown: Je vous avoue que je suis plus dicté par une espèce d'instinct que par autre chose^^ Y'a des textes j'les sens plus au présent, d'autres au passé. :)

Beorn a écrit :

Enfin voilà quoi, si t'as envie d'écrire au présent et si c'est pas uniquement dans une volonté de te démarquer et de "provoquer" (notez les guillemets, hein ),

Non, en fait, c'est juste que ça me vient plus naturellement.

Ecris tel que tu le sens, écris comme tu aimes, voilà tout.
A mon avis, tu n'as pas à chercher une justifiacation quelconque d'une écriture au présent plutôt qu'au passé sous prétexte que la plupart des textes sont narrés au passé. Du moment que c'est naturellement que tu écris au présent, laisse-toi guider et porter.

Oui mais le problème c'est pas "faut-il suivre son coeur à ce niveau" mais plutôt :

un de mes « bêta lecteurs », m’a déclaré tout net que le présent, pour lui, ce n’était tout simplement pas permis, et que sa lecture en était toute chamboulée

Alors, de deux choses l'une : ou il a une vision très académique de la lecture et on ne peut plus rien faire pour lui, ou le présent de l'indicatif avait des conséquences dommageables sur le texte...