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Faisons pleurer dans les chaumières
Publié : 24 Août 2007, 18:47
par eLiz
Vous en écrivez, vous, des trucs déprimants, tristes, larmoyants, à se moucher dans ses draps pas lavés depuis 6 mois ?
Si oui, ça va, vous allez bien ?
Non, plus sérieusement : vous trouvez que vous parvenez bien à transmettre la tristesse dans vos écrits ? A vous maîtriser suffisamment pour ne pas tomber dans le dégoulinant, dans le grotesque, dans le complaisant, ou dans le superficiel ?
Comment rester juste en décrivant des situations dramatiques, sans tomber dans le cliché, en essayant au plus possible de rester dans le sincère, et pas dans le surfait ? Voilà ma question.
Sinon, vous aimez lire des trucs tristes ?
Publié : 24 Août 2007, 19:00
par Chwip
J'écris des trucs tristes et moins tristes.
Mon premier roman fut/est catharsique, et triste. Ca ne tombe pas forcément dans le larmoyant, je n'en sais rien. Le but n'est pas de faire pleurer puisqu'il n'est pas à lire.

Alors de ce point de vue, je n'ai strictement aucun conseil "d'auteur" à donner.
En revanche, en tant que lectrice, je sais que c'est très dur de parvenir au ton juste. Mais je ne saurais pas non plus aiguiller dans l'abstrait. Pour pouvoir donner un avis sur la question, il me faut un texte sous les yeux.
Publié : 24 Août 2007, 19:14
par GabrielleTrompeLaMort
Le larmoyant, j'ai toujours trouvé ça nombrilliste, parce que j'ai toujours l'impression que l'introspection à faire pleurer les pierres du personnage est aussi celle de l'auteur, qui fait sa thérapie en passant.
Après, pas toujours, et pas forcément, bien sûr, mais bon... l'impression est revenue quelques fois quand même.
Donc non, je n'aime pas lire les trucs "qui sont là pour faire pleurer". De même, je n'aime guère écrire des longs passages où le personnage s'appitoie sur son sort en pleurant toutes les larmes de son petit corps recroquevillé parce que blablabla et que le personnage va se suicider dans l'instant parce que - OMFG ! - c'est une douleur insupportable.
Je préfère choquer le lecteur (dans le "bon" sens) pour le mettre dans un état de tristesse, lui, avec des situations très négatives qui le touchent sur le long terme, sans rendre mon personnage dépressif, merci pour lui. ^^
Bon, cela va dans le même sens, c'est "triste", mais ce n'est pas la même "méthode".
EDIT : Ouh là là, c'est fouillis tout ça !
Publié : 24 Août 2007, 19:16
par adu
Larmoyant non, triste, sombre et glauque oui.
Et mes beta-lecteurs approuvent, c'est que je ne dois pas être si mauvais dans ce registre ^^
Publié : 24 Août 2007, 21:37
par Roanne
Sincèrement je ne sais pas... je ne crois pas. Il y a bien des passages tristounes dans mon récit mais c'est tout simplement les coups durs et coups de blues qu'on peut retrouver dans notre quotidien, je ne m'attarde pas dessus inutilement.
Publié : 25 Août 2007, 02:31
par Neeva
Les histoires tristes, sombres, dures, glauques... oui, c'est mon truc (enfin, une bonne partie de ma production). Larmoyantes, je ne pense pas. Déprimante ? Ca dépend du lecteur. Perso, même mes nouvelles les plus pessimistes, je ne les trouve pas déprimantes.
C'est un genre difficile à maitriser : il est facile de tomber dans le gratuit (violence, torture... sans autre but que de choquer) ou le pathétique (le perso qui s'appitoie pendant 10 pages, ou qui s'en prend plein la gueule tout le temps...). On est souvent sur la corde raide.
Sinon, je trouve que les histoires tristes sont plus intéressantes à lire que celles où il y a trop de bons sentiments.
Publié : 13 Sep 2007, 16:31
par Curwen
Tiens, ce sujet me fait penser à la manière qu'ont certains auteurs de tuer leurs personnages alors je me permets de rebondir là-dessus.
Très souvent, surtout en fantasy d'ailleurs, quand un personnage meurt c'est que - d'une certaine façon - il ne servait plus à grand chose pour l'intrigue. C'est le syndrome Harry Potter. On tue Sirius Black parce qu'il ne peut plus vraiment aider Harry, etc...
En fait, si on pousse ce raisonnement plus loin, on pourrait dire qu'un auteur va refuser inconsciemment de tuer un personnage en pleine évolution, justement parce qu'il peut s'en servir plus tard dans le récit. Se priver d'un personnage riche et changeant, c'est se priver d'autant de possibilités de péripéties inattendues et de développements savoureux, au profit d'un bref moment de surprise et de choc émotionnel.
On est en droit de se demander à quoi sert vraiment de tuer un personnage dans un roman. Est-ce qu'il faut le tuer alors qu'il n'a pas fini son "arc d'évolution" afin de créer la surprise ? Ou est-ce qu'il faut attendre et du coup, faire quelque chose de plus convenu ?
Publié : 13 Sep 2007, 17:53
par ereneril
Tout événement doit avoir une fin en soi.
La mort d'un personnage n'échappe pas à la règle.
On ne tue pas un personnage sous prétexte qu'il a fini de servir ou cette mort est ratée (Sirius Black par exemple.
On tue un personnage parce que ça a un sens.
Ca peut être un aboutissement inéluctable (façon "pour qui sonne le glas") ou simplement pour démontrer la violence du monde dans lequel évolue les personnages mais ça ne doit pas être gratuit ou pratique.
Publié : 13 Sep 2007, 18:36
par Enea
Personnellement, mes personnages ont un mal fou à mourir. Certains le voudraient mais ne le peuvent pas, d'autres meurent plusieurs fois, il y en a aussi qui pensent l'avoir fait et qui se trompent. En définitive je m'attache trop à eux pour apprécier de les faire disparaître définitivement.
Publié : 13 Sep 2007, 18:56
par Ookdelph
Publié : 13 Sep 2007, 19:36
par Enea
Non, en fait il s'agissait seulement d'un rapide tour de la question. Trop rapide. Ceux qui meurent plusieurs fois découvrent finalement qu'ils sont des clones (oh que c'est simpliste, résumé comme ça !) et les autres ne sont absolument pas des humains ordinaires. Mais tout ça s'étend sur plusieurs tomes et plusieurs milliers de pages alors forcément, condensé, ça a l'air bizarre.
Publié : 13 Sep 2007, 19:48
par Ookdelph
Je n'te l'fait pas dire ^^
(et elles sont écrites, ces pages par milliers ?)
/D., pf, chuis chiante aujourd'hui :/
Publié : 13 Sep 2007, 20:03
par Enea
Oui, écrites. Elles sont mes bébés et mon immense fierté (allons-y carrément).
Publié : 13 Sep 2007, 20:24
par ereneril
Je suis pareil, j'ai du mal à tuer mes persos.
C'est à tel point que même parmi mes "méchants", il y en a qui s'en sortent. Certains même avec les honneurs.
Rien à voir avec les films à l'américaine dans lequel le taux de mortalité des méchants est de 100%...
Publié : 13 Sep 2007, 20:27
par Enea
Moi itou !
D'ailleurs chez moi les méchants le sont rarement à 100%, on finit toujours par leur trouver un côté sinon sympathique du moins humain. Même s'ils ne le sont pas, humains.
Publié : 13 Sep 2007, 20:29
par Napalm Dave
Mouarf! Difficile de savoir si on vise juste au niveau de l'émotionel en général: ma séquence romantique ne risque-t-elle pas de devenir gnangnan? La mort tragique d'un personnage ne risque-t-elle pas de virer au grotesque?
Je pense avoir réussi le défi d'avoir écrit un ou deux récits sombres et tristes comme "La Griffure" que vous pourrez lire bientôt dans Mort Sûre 3, pour le reste, je peux me planter.
J'ai tendace à penser que le "syndrôme de la punition gratuite de personnage" est un écueil en littérature. C'est malheureusement un poncif de nombre de récits de débutants, je vois d'ici le jeune auteur se dire "ah ah! Ils vont trouver bien glauque le meurtre sauvage de la mère de mon héros par le démon envoyé pour l'exécuter!", sauf que le plus souvent, la mort du perso tombe à plat car on n'a même pas eu le temps de s'y attacher et au final, les morts de personnages peuvent se banaliser.
Pour le glauque ou le triste, je préfère jouer sur de petits détails qui choquent toujours le béta-lecteur: comme le mariage faussement incestueux de mes héros du "Jeu du chat mortel", qui sont frères et soeurs d'adoption mais pas du même sang. Ah! Cette fin là, personne ne l'aime!

Publié : 13 Sep 2007, 20:38
par Enea
Napalm Dave a écrit :le plus souvent, la mort du perso tombe à plat car on n'a même pas eu le temps de s'y attacher et au final, les morts de personnages peuvent se banaliser.
Je suis d'accord, pour que le lecteur puisse éprouver quelque chose il faut d'abord qu'il connaisse les personnages. Des morts il y en a des centaines par jour dans l'actualité, ça n'implique rien sentimentalement.
Publié : 14 Sep 2007, 09:34
par lapin blanc
Il existe une autre façon de rendre les choses tristes, une autre façon de tuer le personnage; plus psychologique que physique.
On peut le priver de tout ce qui faisait sa vie auparavant : son statut, ses amis, ses amours... Ou alors détruire ses croyances, ses certitudes, lui faire comprendre que depuis le début il a fait fausse route.
Alors vient l'idée de la "ressurection", comment va-t-il surmonter cela,?Comment va-t-il sans sortir ?
C'est ce que j'essaye de faire dans mon projet de roman.
Publié : 14 Sep 2007, 12:32
par Curwen
Il est extrêmement difficile de me faire pleurer quand je lis un livre en tout cas. A part les cas rarissimes où je vois mourrir un personnage auquel j'ai eu des années pour m'attacher et que la mort en question est parfaitement amenée.
Publié : 14 Sep 2007, 15:01
par Draconesse
lapin blanc a écrit :Il existe une autre façon de rendre les choses tristes, une autre façon de tuer le personnage; plus psychologique que physique.
On peut le priver de tout ce qui faisait sa vie auparavant : son statut, ses amis, ses amours... Ou alors détruire ses croyances, ses certitudes, lui faire comprendre que depuis le début il a fait fausse route.
Alors vient l'idée de la "ressurection", comment va-t-il surmonter cela,?Comment va-t-il sans sortir ?
Ah merci ! Je voyais pas trop ce que j'avais à dire dans ce topic – surtout concernant la mort physique –, mais en fait c'était plutôt évident...
J'ai cependant un avis légèrement divergeant du tien. Pour moi, la "mort" psychique se résume à une perte de l'indépendance, de la liberté et surtout de sa propre identité, tout en concervant dans un coin (éloigné) l'ancienne.
Comment rester juste en décrivant des situations dramatiques, sans tomber dans le cliché, en essayant au plus possible de rester dans le sincère, et pas dans le surfait ?
Se mettre dans la peau du/des personnage(s) : se préparer mentalement jusqu'à pouvoir ressentir les mêmes choses, pouvoir deviner leurs pensées. Ensuite, c'est l'écriture avec ces deux derniers points en application. Si la concentration est intense, ce n'est pas plus mal. Enfin, ressortir de cet état étrange en douceur, sans brusquer.
Normalement, si la scène est déprimante/dure/etc, on en ressort avec un moral assez bas (ou une humeur modifiée) pendant un quart d'heure minimum... J'estime, car dans mon cas, c'était plus.
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Je n'écris pas à proprement parler du "triste", mais plutôt du "pas de bol pour le héros", ce qui prend des forme très diverses, quoique souvent dure, déprimante, regrettable (le pire je crois^^), etc.
Sinon, quand je lis, je ne pleure pas. Ou alors, c'est la musique que j'écoute qui me fait pleurer

(Ex : Requiem for a Dream)