Le langage familier

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Bloody Rose
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Le langage familier

Messagepar Bloody Rose » 25 Fév 2006, 13:23

Suite à une discussion très intéressante que j'ai eu avec alsem, j'amène ici un débat qui vous laissera tout le loisir de polémiquer :lol: ( tu vois oliv je te tends la perche )
Que pensez-vous de l'emploi du langage familier dans une oeuvre littéraire ( c'est à dire, roman et nouvelles principalement, vu que c'est ce que nous écrivons tous ici ); sans tenir compte bien sur des dialogues où là il me semble que ce langage peut être justifié.
Parce que pour ma part, ça me choque lorsque je vois un mot ou une expression familière dans un roman, pour moi ce n'est plus de la littérature :-? Je trouve que ça gâche toute la beauté d'une oeuvre et de + je ne trouve pas que c'est très agréable à lire :-?
Maintenant je sais que beaucoup parmi vous l'emploient souvent dans leurs écrits. Est-ce par maladresse ou parce que sur le coup vous trouvez que ça fait bien ainsi ?

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Zali
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Messagepar Zali » 25 Fév 2006, 14:21

Ca me choque si ca tombe comme un cheveu dans la soupe. Si le langage du roman est super chatié pendant 400 pages et que tout d'un coup ça part en caca prout, ça le fait moyen.
Par contre, si toute la narration du roman est familière, why not ! Francis Carco, Céline ou encore Frédéric Dard ne sont pas des auteurs mineurs, ce me semble.
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Messagepar Bunny » 25 Fév 2006, 14:34

Effectivement tout dépend si cela provient d'un acte volontaire et déterminé. Dans ce cas cela peut très vite devenir un véritable exercice de style pas si évident à réaliser... scratch
si tout donner ne suffit pas,
tout garder ne sert à rien...

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fenrir
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Messagepar fenrir » 25 Fév 2006, 15:12

si celui qui parle est un rustre bouseux demeuré un peu épais pas trés subtil (euh oui bon je parle de moi là :lol: ), c'est le langage chiadé qui sera choquant, je trouve.

par contre ne pas confondre familiarité et grossiéreté, vulgarité. j'entends par langage familier, le langage de la rue, celui de tous les jours, le langage parlé et non écrit (hors mots à la mode, pitié, même si ça arrive à tout le monde se rater, moi le premier) sauf dans le cas d'un charretier puisque justement, c'est un langage de charretier. :lol:

mais je suis de parti pris, j'écris comme je parle.
L'autre, il me dit : L'intelligence, c'est de reconnaître quand on ne sait pas.
Alors moi, je me dis : Je vais essayer d'être le plus stupide possible. Ca devrait faire de moi un gars super intelligent... non?

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Bloody Rose
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Messagepar Bloody Rose » 25 Fév 2006, 15:14

fenrir a écrit :si celui qui parle est un rustre bouseux demeuré un peu épais pas trés subtil (euh oui bon je parle de moi là :lol: ), c'est le langage chiadé qui sera choquant


Oui c'est bien pour ça que j'ai précisé " hormis les dialogues " où selon le personnage le langage familier peut être justifié :wink:

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fenrir
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Messagepar fenrir » 25 Fév 2006, 15:18

oui, bloody, ok, j'avais pas percuté.
euh le problème c'est que pour moi, mes écrits ne sont que des dialogues. Je veux dire que c'est la personne qui raconte, comme à un comptoir ou à une table ou sur son lit de mort ou n'importe où ailleurs tant qu'il raconte et qu'on l'écoute (ou pas). du coup, ça rend compliqué le côté trop travaillé (on m'a même dit que certains passages étaient trop bien décrits, bon d'autres on m'a dit l'inverse, va comprendre charles.) donc je le redis, je suis de parti pris :wink: je préfère les mots simples immédiats parceque c'est ma façon à moi, mais pour mes écrits, pas pour mes lectures. là ça dépend, j'aime bien les deux si c'est en phase avec le reste.
Dernière édition par fenrir le 25 Fév 2006, 16:09, édité 1 fois.
L'autre, il me dit : L'intelligence, c'est de reconnaître quand on ne sait pas.

Alors moi, je me dis : Je vais essayer d'être le plus stupide possible. Ca devrait faire de moi un gars super intelligent... non?

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Messagepar Cian » 25 Fév 2006, 15:53

Ben, l'autre meuf, là, avec son sujet qui prend l'chou, qu'est-ce qué croit? On cause comme qu'on veut! C'est pas une greluche qui a fait les écoles qui va v'nir nous les briser avec sa langue de tord-du-fion!
Non, mais!
Z'ont tous les culots les gonzesses depuis qu'elles sont présentatrices à la télé. Allez, la mère, ressers-moi un canon d'rouge, ça me déssèche le gosier d'causer autant.

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Messagepar Roanne » 25 Fév 2006, 16:15

:lol: Cian :lol:

Le langage familier est vital quand la narration est à la première personne, soit-dit en passant.

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Messagepar Oliv » 25 Fév 2006, 16:32

Je ne vais pas pomlémiquer sur ce sujet car on ne peut pas se prononcer pour ou contre le langage familier dans une oeuvre littéraire, tout simplement car la pertinence d'un tel langage sera différente selon l'oeuvre en question.

Pour reprendre l'exemple qu'a cité Zali, que seraient les aventures de San Antonio sans le langage fleuri de l'auteur? Cela n'aurait plus aucun intérêt. D'ailleurs de manière plus générale, le style familier se prête très bien au polar.

En revanche, il est clair que dans un récit mettant en scène des aristocrates victoriens aux prises avec les affres de la passion amoureuse (je dis ça au hasard, cela n'a aucun lien avec la personne ayant lancé ce sujet, évidemment), le langage familier sera à proscrire.

Mais en fait, ce débat a-t-il vraiment lieu d'être, ou sommes-nous condamnés à écrire des évidences à ce sujet?
À l'Affreux Oliv (Mars 2005-Février 2010), la Patrie pas reconnaissante.

Si vous me cherchez, je ne suis plus ici.

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Messagepar Cian » 25 Fév 2006, 16:41

Mais, ce débat a-t-il vraiment lieu d'être, ou sommes-nous condamnés à écrire des évidences à ce sujet ? (Oliv)

En langage familier: vos gueules!
(je traduis pour les plus jeunes d'entre nous)

Cian, tigre polyglotte.
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Messagepar Blackwatch » 25 Fév 2006, 18:37

Assez de ton avis, Bloody. Et même dans les dialogues, ca me dérange. :roll: A petites doses, pour caractériser un personnage, mais des insultes toutes les pages (comme pour Cendres, de M. Gentle) m'énervent profondément.
Bêta-lis, Cocyclics te bêta-lira!

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Re: Le langage familier

Messagepar Nynaeve » 25 Fév 2006, 22:24

Bloody Rose a écrit :Parce que pour ma part, ça me choque lorsque je vois un mot ou une expression familière dans un roman, pour moi ce n'est plus de la littérature :-? Je trouve que ça gâche toute la beauté d'une oeuvre et de + je ne trouve pas que c'est très agréable à lire :-?


Je suis du même avis. Je n'arrive pas à lire un texte, quel qu'il soit, lorsque le ton est familier. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c'est peut-être dû à un enseignement et une lecture restés très classiques. Quoiqu'il en soit, le résultat est le même... Un texte familier, même dans les dialogues, me perturbe vraiment et m'empêche de le finir dans la plupart des cas.

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Messagepar Cian » 25 Fév 2006, 22:31

Il me paraît cependant essentiel d'adapter le niveau de langage à chaque personnage, dans un dialogue, sous peine de sombrer dans le grotesque.
Imaginons un tenancier de taverne mal famée en train de disserter comme un prof de fac... :shock: :shock:

Cian, tigre pressé.
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Messagepar Baldwulf » 25 Fév 2006, 22:49

Cian a écrit :Il me paraît cependant essentiel d'adapter le niveau de langage à chaque personnage, dans un dialogue, sous peine de sombrer dans le grotesque.
Imaginons un tenancier de taverne mal famée en train de disserter comme un prof de fac... :shock: :shock:

Cian, tigre pressé.


Et pourquoi pas ! :roll:
Il peut très bien être un ancien prof de fac !!! :cool:
En dehors de cette particularité, j'approuve ce que tu dis ! (mince, encore une fois ! Aaaaaaaaaargh !!!)
Certains personnages sont sensés utiliser un parler peu soutenu, voire grossier. Il serait illogique de l'éviter sous prétexte que le langage doit rester correct. J'imagine mal la scène si un de mes personnages croisent un homme ivre mort dans la rue et que ce dernier les interpelle autrement que familièrement et grossièrement (en admettant que cette scène soit importante dans le cadre du récit, et que le dialogue s'installe, puisque sinon une simple description suffit et au diable le soucis du registre de langage...)

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Cian
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Messagepar Cian » 25 Fév 2006, 23:10

Et hop! Un petit exercice de style:

La rue était plongée dans une pénombre crépusculaire. Une silhouette vacillante se détacha d'un recoin obscur de la ruelle, et Orphräs sursauta.
L'inconnu, manifestement éméché clopina pitoyablement jusqu'à lui.
- Une pièce, grogna l'ivrogne, en levant un visage grêlé vers le jeune noble.
- Tenez, mon brave, rétorqua ce dernier, sans se départir de sa dignité. auriez-vous l'extrême amabilité de m'indiquer une auberge où me sustenter. Je crains m'être quelque peu fourvoyé dans le dédale de ces rues. Je suis, en effet, étranger à cette cité et...
- Une cuivrée ? coupa l'autre en fixant la piécette posée a creux de sa main sale. Tu t'fous d'ma gueule? Qu'est-qu'tu veux qu'j'avale avec une cuivrée!
- Vous m'en voyez désolé, monsieur, se justifia le hobereau. J'ignorais les tarifs en vigueur dans ce quartier. Orphräs Dal'Urs pour vous servir. Peut-être pourrions nous rendre de concert jusqu'à une auberge? Je vous offrirai volontiers une collation, et...
L'homme saisit le nobliau au col de sa chemise de soie rose. Il approcha sa face crasseuse de ce dernier, et Orphräs recula sous l'haleine pestilentielle du gaillard.
- T'es bouché des oreilles, abruti ? cracha celui-ci, plus rouge qu'une brique. File-moi une dorée, ou je te fais bouffer tes chausses!
Le noble gigota en vain, sans pouvoir échapper à la poigne de fer du poivrot.
- Peut-être pourrions-nous trouver un arrangement... qui puisse vous contenter... haleta-t-il, en pâlissant à vue d'oeil. Si vous vouliez bien avoir... l'amabilité de me reposer... au sol, je...
- Tu vas pas la fermer un peu ? Envoie tes pièces ou j't'bute!
(...)

Voilà. A chacun d'imaginer comment ce malheureux gentilhomme va pouvoir se tirer de ce faux pas. Et à vrai dire, on s'en moque, il n'avait qu'à rester chez lui, au lieu de courir la gueuse vérolée.

Bon, si l'ivrogne parle comme Orphräs, cela sera-t-il crédible?

Cian, un tigre qui ne fera plus de démonstration débile. C'est trop long.
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Messagepar louve » 25 Fév 2006, 23:42

oh cian un tigre remarquable. :lol:
il meurt le gars en question? whistle
Bon c'est vrai que le langage familier est essentiel dans les dialogues. Je n'ai rarement vu de roman ou tous les protagonistes parlaient dans un langage soutenue.( sauf les liaisons dangereuses mais lui c'est une perle :heart: )
mais je trouverai déplacé le langage familier dans les descriptions d'endroits lugubres.( par exemple une descriptions de cimetierre familièrement...je me demande ce que ça ferait) :twisted:

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Messagepar Roanne » 26 Fév 2006, 10:58

Chouette, on a droit a des illustrations avec cas concrets :heart: .
C'est sur que le gueux puant la vinasse qui s'exprimerait en alexandrins, ça me ferait une drôle d'impression. Ce qui est bien dans ton exemple Cian, c'est qu'en plus le langage permet de bien différencier les personnages. Ils ne sont vraiment pas du même monde.
Sinon, pour le langage familier dans la narration, bah l'exemple a déjà été donné, mais sincèrement je le re-donne : que serait San Antonio sans son langage fleuri ? Mon père n'en serait pas autant fan, je le crainds.

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Messagepar Anilori » 26 Fév 2006, 12:57

Et les jurons ?

Imaginons : votre personnage principal, lancé à la poursuite de son ennemi mortel, se prend les pieds dans un terrier de lapin et s'étale magistralement ( ou toute autre espèce de contrariété ). Que s'exclamera-t-il ?

Flûte !
Diantre !
Foutrenouille ! ( copyright Zordar )
Allilallilalilalorataminazillaminoumimininalalilallo ! ( copyright myself )
ou B***** de m**** ?

Ou gardera-t-il un silence empreint de dignité ?

Vous avez remarqué à quel point il est difficile de jurer de façon convaincante en restant poli ?

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Messagepar Bunny » 26 Fév 2006, 13:11

On peut aussi imaginer qu'il perde connaissance en tombant, ça évite bien des questionnements non?

Plus sérieusement, un dialogue implique normalement des personnes différentes, et c'est chaque fois un exercice différend. Je pense qu'il faut avoir une capacité proche du dédoublement de personnalité pour réussir à différencier chacun sans tomber dans la carricature(Amusez vous devant vos miroirs...) :lol: :lol:

Cian :wink: , j'ai aimé ton extrait mais cela m'a fait l'effet d'une caricature, cependant bien menée Comment t'y prendrais tu pour le rendre dramatique! scratch :lol:
si tout donner ne suffit pas,

tout garder ne sert à rien...

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Cian
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Messagepar Cian » 26 Fév 2006, 17:12

Fichtre! Diantre!
Comme tu y vas Bunny!
Mais bien sûr que c'est une caricature, avec tous les poncifs habituels à la clé.
Quant à rendre tout ceci dramatique...
Pour 50€ de l'heure, je veux bien te l'expliquer :lol:

Fauchée ? Ca m'aurait étonné aussi... Moi et la chance...
Alors, dramatiser? scratch
Je crains de devoir être un peu plus long, histoire d'installer quelques éléments indispensables. Cela dit, s'inquiéter pour un perso qu'on ne connaît pas cela me semble ardu. C'est plus facile dans un roman, où on a le temps de s'attacher au héros.

Allons-y (ce sera du brut sans relecture, alors tant pis pour les imperfections):

La rue était plongée dans une pénombre crépusculaire. Les vénelles adjacentes étaient autant de bouches obscures vomissant leur haleine nauséeuse.
Orphäs frissonna. La puanteur ambiante lui arrachait des grimaces de dégoût, et il commençait à regretter d'être venu jusqu'ici.
Il sursautait à chaque bruit, comme si des créatures fantômatiques allaient jaillir des ténèbres. Puis souriait nerveusement en voyant filer un rat irrité,zigzagant entre les déchets répandus à même le sol fangieux.
Le jeune noble regarda autour de lui, à la recherche d'un indice lui permettant de retrouver son chemin, mais toutes les bâtisses lépreuses se ressemblaient et rien dans cette rue tortueuse n'indiquait que sa marche aveugle aurait une fin.
Il soupira, abattu, quand soudain, une des formes allongées contre les murs lézardés s'extirpa de l'ombre et s'avança en titubant vers lui.
L'inconnu avait tout d'un ivrogne parvenu au stade ultime de sa déchéance. Il n'était vêtu que de haillons déchirés, et sa peau crasseuse et grêlée portait les stigmates de nombreuses rixes passées.
De son seul oeil valide, l'homme fixa le nobliau tétanisé. sa bouche s'entrouvrit, laissant apparaitre de rares dents gâtées.
Avec ce qui se voulait être un sourire, le gueux interpella Ophräs:
- Une pièce, messire, couina-t-il en s'approchant à pas lents.
Le jeune homme recula instinctivement. Sa main droite se porta sur son flanc où aurait dû se trouver sa dague, mais il la retira aussitôt, se maudissant de l'avoir laissée avec ses bagages à son auberge.
Puis, il tira une piécette de sa bourse presque vide, et la jeta à l'inconnu qui l'attrapa au vol, avec une remarquable dextérité.
L'ivrogne la fit sauter dans sa main, manifestement contrarié. ses gestes vifs contredisaient son apparente ébriété et Ophräs en conçut une peur irrépressible.
- Une cuivrée? grogna l'épave humaine avant de glisser cette dernière dans sa ceinture. Que veux-tu qu'je boive avec ça ?
L'homme se pencha en avant, et son souffle pestilentiel atteint la face livide du jeune noble.
- Il va falloir être plus généreux avec Tobias, messire, siffla-t-il entre ses lèvres luisantes. Beaucoup plus...
Acculé contre un mur, Ophräs tenta de se dégager en calmant son menaçant vis-à-vis:
- Ophräs Dal'Urs pour vous servir, monsieur. Je serais ravi de vous convier à la première auberge venue, pour peu que vous m'indiquiez comment regagner le port.
Un rictus ironique illumina la face vérolée de l'inconnu.
- T'es bien serviable toi! Contente-toi de me filer quelques dorées, et j'te laisserai regagner ton palais.
Ophräs cilla, ne sachant que faire. L'homme était manifestement plus vigoureux que lui, et il ne doutait pas un seul instant que le gueux n'hésiterait pas un instant à l'égorger s'il lui résistait.
Il fouilla frénétiquement dans sa maigre bourse et en tira quelques pièces qu'il fit tomber dans la boue. L'ivrogne les regarda choir, puis le toisa sans aménité.
Son bras se détendit brusquement, et Ophräs sentit les doigts de son agresseur lui enserrer violemment la gorge.
- T'as pas encore compris ? Envoie tout ton fric, enfoiré, ou je te saignes comme un goret!
Le jeune noble, incapable de repousser la main lui écrasant le cou, haleta tout en pâlissant davantage:
- Prenez... tout... je n'ai...rien d'autre...
Le gueux renifla écoeuré.
- T'as mouillé tes chausses, l'aristo ? ricana-t-il subitement.
De sa main libre, il arracha la bourse qu'Ophräs tenait encore du bout des doigts. Puis, il sourit et cracha sur le visage de sa victime.
Le nobliau s'effondra dans la boue saumâtre. Il était secoué de tremblements incontrôlables et entrevit à peine le pied que l'autre lui balança dans les côtes.
- Crève ordure! Tobias boira à ta santé!
Le visage inondé de larmes, Ophräs entendit un cri rauque, suivit d'une chute. Il leva la tête, mortifié, et découvrit un colosse qui se tenait au-dessus de l'ivrogne plié en deux.
Le sergent de la milice leva de nouveau son bâton ferré, et ajusta un coup vigoureux qui fendit le crâne du misérable.
Ce dernier s'effondra, la face ensanglantée, complètement défoncée.
Ophräs recula précipitamment, du sang poisseux sur la figure. Il resta hébété un moment, jusqu'à ce que le vigile le relève d'une poigne puissante.
- Il ne faut pas traîner ici, messire. Le quartier est dangereux.
Le noble hocha la tête, plus humilié que meurtri. Le souffle court, il suivit le géant. Il jeta un dernier coup d'oeil furtif derrière lui.
Déjà, le cadavre du borgne était assailli par une meute de gueux de toyus âges qui se battaient pour les pièces répandues à même le sol.

Voilà, stop, pour 50€, je ne peux pas faire mieux.

Cian, tigre crétin qui ne donnera plus d'exemple...
Dernière édition par Cian le 26 Fév 2006, 18:31, édité 1 fois.
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