Interview de Jean-Pierre Favard

Réponses Jean-Pierre Favard, texte « L’appât »:

–    Qu’est ce qui vous a décidé à participer à l’appel à texte « La Cour des miracles » et au Prix littéraire Mille Saisons ?

Je participe régulièrement à des appels à texte, dans le domaine des littératures dites « de l’imaginaire ». Pour moi, ce sont d’excellents exercices de style. Toutefois, je ne propose des textes que dans le cadre de ceux dont les sujets « me parlent », excitent mon imagination. L’écriture doit rester un plaisir. Je ne fais pas partie de ces auteurs torturés qui couchent leurs tourments sur le papier. Je préfère m’amuser à imaginer des situations, des personnages. Des univers. Et si les lecteurs y trouvent leur compte alors tant mieux ! Je n’en suis que plus heureux.

Pour en revenir à l’appel à texte « La cour des miracles », je dois dire que ce sujet me poursuit depuis quelque temps déjà et de pouvoir m’y confronter m’a particulièrement intéressé. J’ai actuellement en chantier un roman où j’explore ce sujet même si la description qu’en a fait Victor Hugo dans son « Notre-Dame de Paris » reste, à mon avis, indépassable. Je me suis également beaucoup intéressé au sujet des utopies pirates que je ne désespère pas de pouvoir explorer plus en détail un jour, dans le cadre d’une autre aventure de Joshua et du Korrigan pourquoi pas ?
Quant au fait que cet appel à texte ait également été conçu sous la forme d’un prix littéraire, j’ai trouvé l’idée non seulement excellente mais surtout originale. Et il convient toujours de saluer l’originalité. D’autant plus si l’on a la chance de pouvoir faire partie de l’aventure !

–    Est-ce votre première expérience d’écriture ? Si oui ou non, que pouvez-vous nous dire sur son déroulement créatif et/ou de vos « habitude » d’écriture ?

Non, vous l’aurez compris, il ne s’agit pas là de ma première expérience d’écriture. J’ai la chance (et j’en suis conscient) d’avoir été publié à plusieurs reprises et ce, par plusieurs éditeurs. La Clef d’Argent chez qui j’ai publié un roman, « Sex, drugs & Rock’n’Dole » (prix coup de cœur de l’amicale de la presse Jurassienne 2011) ainsi que deux recueils de nouvelles, « Belle est la bête » et « Pandemonium Follies ». J’ai également publié un roman chez les défuntes éditions Lokomodo, « L’asch Mezareph » et un recueil de textes de différents formats allant de la micro-nouvelle au roman et intitulé « Le destin des morts ». Une quinzaine de mes nouvelles ont également été publiées dans différentes anthologies, revues et magazines.

Mes « habitudes » d’écriture quant à elles sont assez simples puisqu’en fait et à la réflexion je n’en ai que deux : à l’ordinateur et en partant de la première phrase. Certains auteurs doivent bâtir un plan, créer leurs personnages, en faire des fiches, s’astreindre à toute une logistique complexe et structurée… rien de tout cela en ce qui me concerne. Une première phrase, qui me trotte dans la tête, qui en entraîne une seconde puis une troisième. Des personnages qui apparaissent. Traversent des événements. Doivent y faire face. Les idées s’enchaînent, le texte nait et j’en suis le premier lecteur.

–    Comment vous est venu l’idée de votre Cour des miracles ?

Comme je viens de le dire, de la première phrase (enfin, des deux premières phrases serait plus exact): « Joshua fixa l’homme. Assis à même la chaussée, son moignon de jambe exposé aux regards des passants, celui-ci feignait de ne pas l’avoir remarqué. »

La seule chose que je savais en commençant, c’était que cette histoire allait mettre en scène deux personnages avec lesquels je m’étais déjà amusé, Joshua et le Korrigan. Ainsi que l’univers dans lequel ils évoluent (puisque quatre textes les mettent déjà en scène) : une sorte de Fantasy mais à ma sauce (n’étant pas un grand lecteur de Fantasy moi-même… oui, je sais, j’ai des contradictions mais c’est ainsi).
Bref, j’avais envie de les confronter à la cour des miracles (cela me semblait même tellement évident qu’aucune autre idée ne m’a traversé l’esprit). J’avais le fond, j’avais les personnages, il ne me restait donc plus qu’à me laisser porter par les mots. Et c’est ce que j’ai fait.

Ah si, une autre chose : il fallait que tout cela tienne entre 20 000 et 40 000 signes, espaces compris. Cette fois, je dirais que c’est l’habitude qui m’a aidé à y parvenir.

–    Lecteur/Auteur ? Comment en êtes vous arrivé à lire /écrire de la SF, Fantasy, etc ?

Mon genre de prédilection reste le fantastique. La Fantasy, je ne m’y frotte qu’avec mes deux personnages de Joshua et du Korrigan. La SF ne m’attire pas vraiment. Il faut dire que je n’en lis que très peu (même si j’apprécie ce genre au cinéma) et que j’en écris moins encore (deux ou trois nouvelles peut-être, là encore comme des exercices de style). Le fantastique, « old school », en revanche… l’intrusion du bizarre dans un monde ordinaire. La petite anomalie qui va bouleverser le quotidien. Voilà ce qui m’intéresse. Mêler le véridique, le vraisemblable et l’imaginaire. Et surtout, surtout, ne rien m’interdire. Si, pour le bon déroulement d’une histoire, un personnage doit se mettre à voler et bien il se mettra à voler. En tant que lecteur (je ne peux pas imaginer qu’un auteur ne soit pas un lecteur avant tout), j’apprécie tout autant le fantastique, le roman noir que la littérature dite « blanche », plus classique. Je me régale (et le mot est faible) d’un Stephen King tout autant que d’un Paul Auster. Chuck Palahniuk fait partie de mes auteurs cultes au même titre qu’Umberto Eco ou Salman Rushdie. Le style est capital à mes yeux. Et plus que tout, j’aime les mélanges de genres, les choses qui ne sont pas figées et encore moins cloisonnées. Et si en plus il y a un brin d’humour pour nimber le tout…

–    Si les lecteurs vous donnent Le Prix Mille Saisons, quel sera votre projet d’écriture ?

Si les lecteurs me donnent le prix Mille Saisons, j’en serai tout d’abord ravi. Flatté. Honoré. Et fier. Parce que cela voudra dire qu’ils ont aimé mon texte. Et quand on écrit, à un moment ou à un autre, c’est pour être lu. Et apprécié. J’en serai d’autant plus heureux que j’aime ces deux personnages. Comme je vous le disais précédemment, ce texte n’est pas leur première apparition (la quatrième en fait). Et je compte bien continuer. Pour l’heure, la forme est celle de la nouvelle. Chaque texte les mettant en scène me permet de creuser davantage leurs caractères. Aller, à chaque fois, un peu plus loin, dans la description du monde dans lequel ils évoluent. Le premier texte, « Monseigneur », a été publié dans le recueil « Belle est la bête ». Il ne faisait que quelques pages mais posait déjà quelques jalons. Puis vint « Désolation » dans le recueil « Pandemonium Follies ». Là, le texte était plus long et l’on en découvrait un peu plus. Le troisième, pour l’heure inédit mais retenu pour publication par le magazine de BD « Lanfeust », s’intitule « Libération anticipée » et introduit, pour la première fois, la magie dans leur univers (Fantasy oblige). Un cinquième est d’ores et déjà écrit et va encore plus loin dans la présentation des personnages puisqu’on en apprend davantage sur les parents de Joshua. Mon projet d’écriture coule donc de source. Il se constituera d’un recueil reprenant cinq textes (les quatre premiers dont « L’appât » constitue le dernier en date et un cinquième restant encore à écrire mais dont vous comprendrez, à la lecture de « l’appât », qu’il en constituera la suite et fin (?). Le cinquième texte précédemment évoqué constituant, dans mon esprit, le premier texte d’un éventuel futur second recueil (si le premier plait et que la demande se fait entendre bien entendu).
Et qui sait, si tout se passe comme je l’imagine (l’envisage, l’espère, le rêve) un roman pourrait même suivre (et je crois en avoir déjà dit quelques mots dans une de mes précédentes réponses…).

Mais il est encore trop tôt et je laisse aux lecteurs le soin de découvrir Joshua et son fidèle Korrigan. En espérant qu’ils sauront les séduire.

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