Interview de Robert Belfiore pour la nouvelle « Un certain Monsieur Joly »
- Qu'est ce qui vous a décider à participer à l'appel à texte "La Cour des miracles" et le Prix littéraire Mille Saisons ?
- Est-ce votre première expérience d'écriture ? Si oui ou non, que pouvez-vous nous dire sur son déroulement créatif et/ou de vos "habitude" d'écriture ?
- Comment vous est venu l'idée de votre Cour des miracles ?
- Lecteur/Auteur ? Comment en êtes vous arriver à lire /écrire de la SF , Fantasy, etc?
– Si vous les lecteurs vous donnent Le Prix Mille Saisons, quel sera votre projet d'écriture ?
Mes réponses.
J'ai consacré ces dernières années à l'écriture d'une trilogie pour jeunes lecteurs, intitulée « Les Écrans de brume » (Bayard Jeunesse, 2008-2013). Après cette saga qui se développe sur un millier de pages et met en scène des dizaines de personnages, j'ai eu envie de me tourner vers une pratique différente : le récit sec et court, le petit nerveux, celui dans lequel on se montre économe, et même avare de ses mots.
J'ai consulté Internet et répertorié les concours de nouvelles. La « Cour des miracles » a tout de suite retenu mon attention. Ce sujet proposé par les Éditions Le Grimoire m'a permis de reprendre un projet qui sommeillait en moi depuis longtemps, que j'avais commencé à traiter de façon nonchalante, et que, en l'occurrence, j'ai pu préciser et mener à son terme.
Voici l'origine du projet.
Lorsque j'étais jeune professeur de lettres, je me rappelle certains moments d'abattement face à des classes difficiles. Je suppose que je me sentais aussi dépaysé, effaré, abasourdi, que le poète Gringoire à la Cour des miracles...
Je le suppose, simplement. À l'époque, la métaphore « classe difficile = Cour des miracles » ne m'est jamais venue à l'esprit. C'est le sujet proposé, bien des années plus tard, par le Prix Mille Saisons qui l'a révélée et m'a conduit à finaliser le projet que j'évoquais plus haut.
Ainsi, dans « Un certain monsieur Joly », le bizarre professeur de lettres nommé Joly débarque dans sa Cour des miracles, une classe composée de petits « truands » âgés de treize ou quatorze ans, présentés comme la lie de la société, sinon de l'humanité. La confrontation brutale entre eux et lui est le sujet de la nouvelle.
Ceci dit, Joly est un professeur détestable. Celui que je fus a toujours aimé et respecté ses élèves. Aujourd'hui retraité, il ne conserve pas une once de rancune envers les plus turbulents d'entre eux. C'est pourquoi les petits truands de la 4e7 ne s'en sortiront finalement pas mal face au maître envoyé par les puissances infernales...
« Un certain monsieur Joly » est une nouvelle fantastique. Elle appartient à cette littérature de l'imaginaire que j'ai adorée lorsque j'étais un jeune lecteur, et que j'ai pratiquée dès que j'ai commencé à écrire. Une preuve, s'il en faut : mon premier roman, « Une fille de Caïn », était un roman de science-fiction. Il a été publié par Jacques Sadoul aux éditions J'ai lu en... 1985. (Trente ans déjà ! Je suis donc si vieux ? Misère ! En plus, ça ne s'arrange pas avec le temps, ces choses-là.)
Que ferai-je si les lecteurs m'accordent le Prix Mille Saisons ? D'abord, la fête.
Ensuite, je me lancerai dans l'écriture d'un roman fantastique. Qui sera aussi un roman d'amour. Et si possible un fantastique roman. Mais d'amour, j'y tiens. Et pourquoi ne pas réunir tout cela en un seul livre ? Quand on aime, c'est toujours fantastique, non ?
L'illustrateur Olivier Zambon
Pour Monsieur Joly, je voulais quelque chose de réellement inquiétant. Plusieurs passages de la nouvelle en présentation avec les personnages qui domine l'enfant qui n'est autre que le narrateur de l'histoire. Après moult lectures, j'avais toujours cette composition symétrique dans la tête avec une surdose de noir ou l'intégralité des personnages serait mis en valeur, même les moins importants qui sont de passage.
Pour les techniques j'y suis allé aux feutres et à la bombe aérosol pour le graff. Je fais mon crayonné, je décalque en encrage ce dernier à la table lumineuse en faisant juste le dessin au trait. Je place mes ombres, mes noirs et mon graphisme FX et stylisé. Ensuite je prends un calque et je trace juste l'ensemble du contour dessus pour le découper. Je colle le calque découpé sur le dessin pour le protéger pour ensuite y passer le remplissage à la bombe noire et les gouttes façons "street art spatial" au blanc. J'enlève le calque une fois la peinture sèche.
Mes sources d'inspirations sont ultra variés. Pour le travail "encrage avec des gouttes de blanc et de noir" je me suis basé sur le travail de Nate Van Dyke. Ce dernier est un illustrateur américain qui représente Duch, un singe hardcore/Punk dans des aventures basées sur la bière et une violence banalisée par la société. Je suis un grand fan de Sean Murphy (Punk rock Jesus, Joe l'aventure intérieur,American Vampire lecgacy, The Wake), c'est un auteur de BD américain aussi qui travaille dans le comics. Son encrage est très noir et underground. Coyote, le grand baker barbu qui dessine Litteul Kevin anciennement à Fluide Glacial et depuis un an au lombard. Neal Adams pour son dessin précis et ses compositions de planche comics. Olivier Coipel, un français qui travaille à Marvel qui gére aussi ses compositions de cases assez originales mais terriblement efficaces. Je suis un grand admirateur de l'ensemble des dessinateurs de presse (Charlie Hebdo avant tout). Enfin, les deux dessinateurs du très célèbre et actuel comics WALKING DEAD, je parle évidement de Tony Moore et Charlie Adlard. Le premier a un style comics/Cartoony/réaliste (le mélange est assez bizarre mais monstrueusement beau) et le deuxième possède un plume plus simple, plus narratif et beaucoup plus émotifs. Tous ces auteurs, aussi différents les uns que les autres, m'aident dans la documentation quand je bosse sur un style précis car je n'aime pas m'enfermer que dans un seul chemin de prédilection. Je veux tout faire … Sauf du manga mais ça c'est personnel.
Olivier Zambon